Interview avec Romain Leiglon

Romain Leiglon travaille comme ingénieur civil chez Emch+Berger SA Lausanne. Dans cette interview, il nous en dit plus sur sa fascination pour ce métier.

Quelles sont tes tâches principales en tant qu'ingénieur civil et sur quel projet travailles-tu actuellement? 
En tant qu’ingénieur civil, mes taches couvrent l'ensemble des phases d’un projet, de l’étude de faisabilité à la réalisation sur le terrain. Je suis impliqué dans l’analyse des besoins, le calcul des structures, ainsi que dans la conception des plans, ceci en étroite collaboration avec les divers intervenants du projet. Tout au long de la phase de construction, je veille au suivi technique, en m’assurant du respect des délais, des budgets et des normes. Mon rôle inclut également des inspections régulières sur le terrain pour garantir la sécurité et la conformité des ouvrages réalisés.

Actuellement, je travaille sur un projet de stabilisation d’un ouvrage de soutènement situé sur l’autoroute N1 entre Yverdon et Estavayer. Ce projet est particulièrement enrichissant, car il m’a permis de concevoir l’ensemble du processus, depuis la phase de conception jusqu’à l’élaboration des détails d’exécution. Cette expérience me permet de développer une vision globale du projet tout en étant directement impliqué dans son développement technique et sa mise en œuvre sur le terrain.

Quelle est la phase d'un projet de construction qui te passionne le plus et pourquoi?
La phase de projet qui me passionne le plus est celle de l'exécution, car c’est le moment où l’on voit les concepts prendre vie. Après toute la préparation, les plans et les calculs, l'ouvrage devient concret, et c’est extrêmement gratifiant de voir le projet se matérialiser. Cette phase exige une grande réactivité, car il est essentiel de répondre rapidement aux questions des entreprises sur le terrain et de prendre des décisions efficaces en temps réel, tout en assurant la conformité aux normes de sécurité et de qualité. Il y a aussi un aspect très dynamique, car des ajustements sont toujours nécessaires en cours d'exécution, ce qui demande flexibilité et capacité à gérer l’imprévu tout en restant fidèle à l’objectif final.

Qu'est-ce qui te passionne dans ton travail d'ingénieur civil?
Ce qui me passionne dans mon travail d'ingénieur civil, c’est de pouvoir participer à des projets qui ont un réel impact sur la société, d'aujourd’hui et de demain. Ce qui me motive particulièrement, c’est de contribuer à des projets d’infrastructure d’envergure, comme ceux sur lesquels nous travaillons chez Emch+Berger Lausanne SA, qui influencent directement la vie des gens, notamment en matière de mobilité. Que ce soit pour le trafic ferroviaire, routier ou la mobilité douce, ces projets façonnent l’environnement dans lequel nous vivons et améliorent les conditions de vie des générations futures.
Bien entendu, la conception de ces projets d'envergure implique une grande responsabilité.

Y a-t-il un projet ou un moment de ta carrière que tu as particulièrement retenu?
Un moment qui m’a particulièrement marqué dans ma jeune carrière a été lorsque je suis rendu sur un chantier et que j’ai eu l’occasion d’observer une foreuse de plus de 80 tonnes en action. Bien que son utilisation ait été prévue dans le cadre du projet, j’ai été vraiment impressionné par cette machine, ses dimensions gigantesques et son poids impressionnant. Cette scène m’a permis de prendre pleinement conscience de l’échelle et de la puissance des équipements nécessaires à la réalisation d’infrastructures d’envergure.

Comment les nouvelles technologies telles que le BIM ou l'IA modifient-elles le domaine de l'ingénierie civile?
Bien que je n’aie pas une grande expertise dans le domaine du BIM, l’expérience que j’ai acquise m’a montré que cette technologie nécessite un investissement plus important dans les phases de conception et de planification. De plus, elle permet de gagner un temps con-sidérable lors des phases de réalisation, car elle offre une vue d'ensemble très détaillée du projet, facilitant ainsi l'anticipation de problèmes potentiels. En permettant une meilleure coordination entre les différentes parties prenantes et une simulation plus précise des conditions de construction, le BIM aide à réduire les erreurs et les imprévus.

Avec la complexification croissante des projets, notamment en milieu urbain, ces technologies deviennent incontournables et sont amenées à se développer davantage pour garantir l’efficacité, la durabilité et la sécurité des constructions.

Quel est l'impact de ces innovations sur ton travail quotidien?
Dans le cadre du projet urbain sur lequel je travaille, le BIM permet de représenter l’ensemble des éléments connus, notamment les réseaux, ce qui facilite la conception des phasages de réalisation des travaux. Cette connaissance permet d’anticiper de potentiels conflits et trouver les solutions les plus optimales possibles.

Quels conseils donnerais-tu aux jeunes qui souhaitent faire carrière dans l'ingénierie civile?
Je conseillerais aux jeunes qui envisagent une carrière dans le génie civil de ne pas seule-ment se concentrer sur la théorie, mais aussi de chercher à se confronter rapidement à la réalité du chantier. En sortant des études, je me suis rendu compte qu'il me manquait une compréhension approfondie des pratiques concrètes de la construction. Ce n'est qu'à travers l'expérience sur le terrain que l'on acquiert ces compétences essentielles qui ne peuvent pas être pleinement approfondie en classe. L'interaction directe avec les projets réels permet de combler ces lacunes et de renforcer son expertise pour réussir dans ce métier.

Y a-t-il des compétences ou des expériences spécifiques que tu considères comme particulièrement précieuses?
Oui, je considère que les compétences humaines sont essentielles dans le domaine du gé-nie civil, tant au sein du bureau qu'avec les acteurs externes. À l'intérieur du bureau, la collaboration entre collègues, la capacité à écouter et à partager des idées sont primordiales pour la réussite des projets. Il est important de maintenir une bonne dynamique de groupe pour résoudre efficacement les défis techniques.

De plus, une bonne gestion des relations avec les acteurs externes, qu’il s’agisse des autres bureaux, des clients, des entreprises, ou même des autorités publiques, est primordiale. En effet, une bonne gestion des relations humaines permet de minimiser les conflits, d’optimiser la coordination et de garantir la qualité et la fluidité du projet dans son ensemble.

Si tu devais résumer ton travail en une phrase, quelle serait-elle?
Le métier d’ingénieur en génie civil peut être comparé à celui de médecin généraliste: tout comme un médecin évalue les symptômes, pose des diagnostics et prescrit des traitements adaptés, l’ingénieur en génie civil doit analyser les besoins spécifiques d’un projet, en comprendre les enjeux techniques et proposer des solutions sur mesure.